mercredi 27 septembre 2017

D'EVE A MALAIN........ GAUVAIN

Je vous parlais de l'Eve D'Autun, véritable Joconde romane connue mondialement.... et c'est encore d'elle dont il s'agit.....
Comme je l'entretenais de l'exposition du musée Rolin, à Autun, l'une de mes amies me communiqua les deux photos ci dessous, qui représentent des oeuvres de son ami et professeur, le sculpteur  Gauvain, 
cliquer sur les photos pour les agrandir
 Il s'agissait tout simplement de la reproduction par cet artiste, de l'Eve d'Autun, mais pas seulement, .....
photos  Maryvonne Johannot.
car il avait,  dans un esprit tout "Gilslebertesque" réalisé  avec talent  sa propre vision de cet Adam que l'on recherche depuis si longtemps........  
Comme ces oeuvres avaient été exposées au printemps dans le Château de Mâlain, tout proche, j'espérais les voir "in situ" et je m'y rendis  . 
Il faut vous dire que c'est une expédition que de s'aventurer  dans ce village car il est tout voué aux sorcières et au diable !
 photos suivantes de MSG@17

D'Eve et d'Adam, point ! Commande d'un particulier, les oeuvres étaient sorties des murs, mais je ne fus par déçue, puisque Lucifer occupait une place de choix........

Ce château médiéval à l'abandon et  qui était presque anéanti, renait progressivement grâce aux équipes passionnées d'une association locale qui a nom le GAM, c'est à dire, Groupe Archéologique des Mesmontois. (nom des habitants de Malain en cote d'or)
Le travail de restauration qu'ils ont mené depuis 1984  est extraordinaire et mérite à lui seul une visite. 
Entrée dans la basse-cour.
Moult murs ont été redressés et des jardinets médivaux apportent ici et là un peu de verdure dans cet univers minéral de forteresse.

cliquer sur les photos pour les agrandir.

Le sculpteur Gauvain est intervenu à différents endroits,
Gauvain tel que son portrait est proposé au chateau.
 ce qui humanise les lieux, comme par exemple dans l'escalier qui donne d'une part au donjon et de l'autre aux caves, ou encore sur les murs de fortifications.

Dans l'escalier, des chapiteaux et un chevalier du moyen âge vous attendent, avant de découvrir,  sur le donjon, un paysage à vous couper le souffle.
du haut du donjon, la vue est magnifique sur les paysages alentour, chantés avec passion par Henri Vincenot.
Je ne vous en dévoilerai pas davantage, car le château est ouvert les samedi et dimanches après midi jusqu'au 24 octobre (et bien davantage en été). A vous de vous y rendre : c'est à une belle promenade que je vous convie !

Etat actuel du château.
Et ne manquez pas la fête des sorcières, à la période d'Alloween ! Ca sent le souffre !

vendredi 22 septembre 2017

RE-LOOKING CHEZ L'EVE D'AUTUN........

A voir jusqu'au 15 octobre à Autun 

J’ai toujours eu une tendresse particulière pour cette belle oeuvre romane de Gislebertus : l’Eve d’Autun. Chacun sait qu’elle figurait sur le linteau du portail latéral de la cathédrale..... mais après avoir été déposée (vendue par le chapitre avec d’autres pierres) puis être ré-apparue, elle n’a pas été remise à sa place, faute de retrouver tous les éléments qui composaient le linteau. 
Placée dans  la salle capitulaire où elle veilla pendant quelques décennies  avec des chapitaux, elle a été récemment l’objet d’une remise “en forme” par les ateliers du Louvre. Vous la trouverez donc désormais dans le musée Rolin, à deux pas de son église d’origine.......
Eve re-lookée par le nettoyage opéré au Musée du Louvre 
Je ne peux m'empêcher de
ressentir un malaise qui me donne l'impression
 d'être devant une copie........

Est ce pour cela que, depuis, une étrange  “créature des eaux dormantes”   observe le portail où  elle figurait.....* 



Quant à notre Eve, toute nettoyée et rafraichie qu’elle est :  je ne l’ai pas tout à fait reconnue. Les ans et la patine avaient déposé au coin de son oeil une larme émouvante qui hélas,  maintenant, a tout à fait disparu. Certes, elle est plus sereine,  mais un peu moins “humaine”. 
Video concernant la découverte du haut relief à  voir, sur Youtube, avec l'abbé Grivot qui a tant fait pour cette cathédrale saint Lazare :


Cette petite larme si émouvante, au coin de l'oeil, a totalement disparu.........
Ce musée, aménagé avec goût, dans l’ancien logis du Chancelier Rolin,
présente trois collections : des oeuvres antiques de première qualité* - des oeuvres du XIVe au XVIe ainsi que  des oeuvres contemporaines.
Une très belle verdure du XVIe siècle  a attiré particulièrement mon attention. Elle provient d’un atelier de basse lice d’Aubusson. Elle est réalisée en laine.

L’atelier de basse lice (tissage à l’horizontal) permettait de réaliser de plus grandes tentures que celui de Haute lice (tissage à la verticale).
Ce style de tenture, dite “aux feuilles de choux” ou “aux aristoloches”, était en vogue à cette époque pour orner les murs des froides demeures seigneuriales.
Cliquez sur les images pour les agrandir.

La composition est toujours sensiblement la même sur ces oeuvres  : au premier plan, figurent des plantes fleuries et détaillées (héritage de la tenture “à mille fleurs” du XVe s), dans lesquelles on trouve des animaux, oiseaux, chiens de chasse (mâtins), voir des animaux fantastiques ;  puis, au second plan, sont disposées de grandes feuilles (ressemblant à des feuilles de choux). Celles-ci  permettent subtilement  la transition avec le troisième plan, où figure un  paysage dans lequel se trouvent d’opulentes demeures.  La tapisserie est entourée d’une riche bordure avec des fruits, des feuillages, des oiseaux et des petits lapins, voir des insectes. 

Cette tapisserie, c’est l’évolution naturelle entre les tentures à “mille fleurs”* du XVe s et celles, beaucoup plus réalistes où figurent des faits historiques (batailles, scènes  antiques ou d’époque - mariages - scènes de genre) du XVIIe et XVIIIe s.

*la créature : oeuvre de Bernard Morot-Gaudry) - bois de châtaignier. 

*Augustodunum étant devenue la capitale des Eduens, après Bibracte, et avant que Lyon ne devienne celle de la gaule Gallo romaine, on peut y admirer non seulement des édifices romains,
       mais aussi, dans le musée,   de très belles mosaïques, ainsi que des objets divers 
Dans les autres pièces, des fragments du tombeau de St Lazare (qui occupait jadis tout le choeur de la cathédrale du même nom),  des collections du Moyen Age et de la Renaissance et enfin une partie destinée à des oeuvres contemporaines. Que je n’ai pas eu le temps de visiter.
*Parmi les tentures à mille fleurs que l’on peut admirer en France, la plus célèbre est la tapisserie de haute lice : “ La Dame à la Licorne”, que l’on peut admirer au musée de Cluny, à Paris, et qui comporte 6 pièces de grandes dimensions.
Renard figurant sur une des tentures de La Dame à la Licorne

samedi 2 septembre 2017

A ARNAY LE DUC (21), LES FAIENCES FRANÇAISES AUX DECORS DE FLEURS ET D'ANIMAUX........


Belle exposition proposée par le Musée des Arts de la Table d’ Arnay le Duc (Cote d’or), aux portes du Morvan.
Cette fois ci, les faïenceries de Digoin - St Clément - Nevers - Gien - Saint Uzé - Lunéville, mais surtout celles  de Sarreguemines et de Longchamp  sont à l’honneur . 

Le thème est des plus gracieux et il est certain que les décors de flore et d’animaux, qui fleurissaient sur la faïence et la porcelaine, ne pouvait donner que de très jolies tables.
Photos MSG.

 Autres temps, autres moeurs : aujourd’hui, c’est la nourriture mise dans l’assiette qui fait le décor !
Assiette servie à La Musarde- chef Ogé - Hauteville lès Dijon/
J'ai personnellement un joli service de Longchamp à décor Moustiers, auquel je tiens comme à la prunelle de mes yeux..... mais qui hélas, par sa fragilité, ne peut supporter un nettoyage dans le lave vaisselle. cela tombe bien, car je n'en ai pas !
En tout cas, j’ai fait un retour en enfance en reconnaissant  une grande quantité des décors, que j’admirais dans les rayons et sur les banques présentoirs en chêne blond,  lorsque j’arrivais à me glisser sans me faire remarquer dans le magnifique magasin “de détail” de ma grand mère........ 
Car elle vendait des merveilles, cette grand mère : des porcelaines de Sèvres et d’ailleurs, des cristaux de Baccarat, de Daum, de Lalique...., des faiences de Gien et de Nevers mais aussi des grès et autres pièces toutes plus fascinantes les unes que les autres !
Le magasin de détail des Etablissements Guinet-Pacaud à Digoin: le magasin de ma grand mère, du plus pur style des années  30,  fut construit par un oncle de la Famille - l'architecte FOURNIER- il abrite  aujourd'hui un agent immobilier.........


Voici donc quelques images juste pour “vous faire plaisir”, et vous donner l’envie de ne pas “balancer” le service 54 pièces de votre arrière grand mère qui est entreposé dans votre grenier, mais plutôt de le remettre à l’honneur !  
Marie Pacaud épouse Guinet - fondatrice avec
son époux de l'entreprise digoinaise. Elle connaissait bien Gaetan Moisand, de la faïencerie de Longchamp, mort en 1945.

Tous ces décors et ornements, créés par des artistes, étaient exécutés par des ouvrières "spécialisées". Ils  faisaient appel à différentes techniques telles que le pochoir, la décalcomanie ou tout simplement le coup de pinceau posé directement a même  le biscuit, ce qui demandait une grande sureté de main. ... d’autant qu’il fallait faire vite puisqu’elles  étaient payées  “à la pièce” !
Certaines de ces techniques de décor étaient combinées comme c'est le cas sur la tasse ci dessous. . 
Chaque pièce une fois réalisée en biscuit* dans un moule, puis décorée avec soin, était ensuite plongée dans un bain de “couverte”  pour la rendre étanche, avant de passer, après un sérieux séchage, dans le four tunnel pour la cuisson.
Decor  réalisé en décalcomanie avec rehauts de couleurs au pinceau.

Decor en décalcomanie
Decor exclusivement réalisé au pinceau par les ouvrières. Cliquer sur les images pour les agrandir.
Si vous observez bien, vous remarquerez l'épaisseur d'émail qui, correctement posé par le pinceau, donne le modelé de chaque élément.
Quant aux moules, ils étaient soigneusement conservés et réutilises pour d’autres services, soit identiques, soit décorés par d’autres motifs, mais sur les même formes.

Le musée des arts de la table édite aussi des brochures fort bien documentées et largement illustrées sur ses expositions, la production des  faïenceries françaises, les artisanats divers de France et de la région.
Faience de St Clement a decor d'oiseaux.
*Biscuit : c’est l’objet en terre crue. Celle ci est obtenue après l’avoir largement broyée afin qu’il ne subsiste aucun élément étranger pouvant créér un défaut, puis diluée dans l’eau (la consistance ressemble alors à une pâte à crêpe épaisse!) Elle est alors coulée dans les moules, puis une fois qu’elle a atteint une rigidité suffisante, sortie de ces moules et mise a sécher, avant de passer au décor puis à l’émaillage et enfin à la cuisson.